Comment faire son coming out ?
- Élodie
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Entre libération, peur et renaissance : le chemin vers soi-même

Faire son coming out, c’est bien plus que simplement annoncer quelque chose : c’est oser exister tel que l’on est vraiment. Ce moment charnière, souvent chargé d’émotions, peut être vécu de mille façons. Il n’a pas d’âge, pas de scénario type. Il peut survenir à 16 ans, à 45 ou à 70. Il peut être discret, brutal, joyeux, douloureux, intime ou public.
Dans cet article, nous explorons deux grands types de coming out : celui qui se fait tôt, en début de vie adulte, et celui qui arrive plus tard, parfois après toute une vie conforme aux normes hétérosexuelles. Deux parcours très différents… mais également légitimes, profonds, et parfois bouleversants.
Le coming out précoce : quand la jeunesse ose
Une nouvelle génération plus visible, mais pas toujours protégée
Aujourd’hui, de nombreux jeunes osent faire leur coming out dès l’adolescence ou peu après. Les mentalités évoluent, les réseaux sociaux offrent des espaces de parole, les modèles LGBTQIA+ se multiplient dans les médias. Tout cela contribue à créer une atmosphère plus favorable à l’expression de soi.
Témoignage – Lina, 19 ans"J’ai dit à mes parents que j’étais lesbienne l’année de mon bac. Je ne pouvais plus vivre en cachant qui j’étais. Ma mère a pleuré. Mon père a fait une blague pour détendre l’atmosphère. Et puis, ils m’ont prise dans leurs bras. Je sais que j’ai eu de la chance."
Mais faire son coming out jeune reste un défi. C’est souvent un moment où l’on dépend encore émotionnellement et financièrement de sa famille. Le risque de rejet, de harcèlement scolaire, ou d’isolement est bien réel.
Ce que ça implique :
Gérer la peur du rejet
Faire face à des réactions parfois imprévisibles
Composer avec son environnement social et scolaire
Affronter l’incompréhension ou les préjugés
Et pourtant, cela peut aussi permettre de se construire tôt avec authenticité, et de créer des liens profonds avec des personnes qui vous acceptent tel·le que vous êtes.
Le coming out tardif : après une vie d’apparences
Vivre « dans le placard » pendant des années
Certaines personnes ne découvrent ou n’acceptent leur orientation sexuelle ou leur identité de genre qu’à l’âge adulte — parfois tardivement, après des décennies à vivre une vie conforme aux normes : marié·e, parent, inséré·e socialement.

Témoignage – Marc, 54 ans"J’ai été marié pendant 22 ans. J’ai deux enfants que j’adore. Et pourtant, toute ma vie, j’ai refoulé mon homosexualité. Un jour, j’ai compris que je ne pouvais plus continuer comme ça. Ce fut dur. J’ai tout perdu… mais j’ai aussi commencé à vivre."
Faire son coming out à cet âge est parfois douloureux. C’est remettre en question tout ce qu’on a construit. C’est affronter les regrets, les doutes, les jugements. Mais c’est aussi, souvent, un moment d’une intensité rare, où l’on reprend possession de sa vie.
Pourquoi attendre ?
Peur du rejet ou du scandale
Poids de l’éducation ou de la religion
Désir de « faire comme tout le monde »
Inconscience ou refoulement profond
Le coming out tardif est un acte de courage. Il permet d’être enfin soi, d’aimer librement, même si cela implique de déconstruire des années d’habitudes et de rôles imposés.
Quelques conseils pour faire son coming out
1. Choisissez le bon moment... pour vous
Il n’y a pas de moment parfait. Il y a simplement votre moment. Le coming out n’est pas une course. Vous n’avez rien à prouver à personne. Prenez le temps qu’il vous faut.
2. Commencez par un cercle sûr
Vous pouvez commencer par parler à une personne de confiance : un·e ami·e, un·e thérapeute, un membre d’une association. Le soutien humain est crucial.
3. Préparez-vous émotionnellement
Certaines personnes auront une réaction positive, d'autres pourront être surprises, silencieuses ou même blessantes. Cela ne remet pas en question votre vérité. Préparez-vous à gérer une variété d’émotions — les vôtres et celles des autres.
4. Cherchez du soutien
Des associations LGBTQIA+, des groupes Facebook, des forums comme Reddit, ou encore des lignes d’écoute existent pour vous accompagner. On n’est jamais seul·e, même si on se sent isolé·e.
5. Rappelez-vous que ce n’est pas un one-shot
On ne fait pas son coming out une seule fois. C’est un processus qui se répète, au fil des contextes et des relations. Vous n’avez pas à tout dire à tout le monde. À chacun·e sa façon, à son rythme.
Vivre sa vérité : une libération à tout âge
Qu’on le fasse à 18 ans ou à 60, un coming out marque une étape importante dans un parcours de vie. Ce n’est pas un « aveu », ce n’est pas une faute. C’est une affirmation. C’est dire : voici qui je suis.
Parfois, cela change tout. Parfois, cela n’est qu’une formalité. Mais dans tous les cas, c’est une avancée vers soi.
Témoignage – Isabelle, 67 ans"Je me suis mariée à 21 ans. J’ai eu trois enfants. J’ai divorcé à 58 ans. À 60 ans, je me suis installée avec une femme. Mes enfants l’ont très bien pris. Moi, je respire enfin."

En conclusion : votre vie vous appartient
Il n’y a pas de règles pour faire son coming out. Il y a vous, vos ressentis, votre contexte, vos désirs. Ce qui compte, ce n’est pas de le faire « comme il faut », mais de le faire — ou non — de la façon qui vous convient.
La société change, les générations se croisent, les regards évoluent. Mais une chose reste : votre droit à l’authenticité, au respect, et à l’amour — sans conditions.