Amour interdit entre deux femmes qui s'aiment
- Élodie
- 28 août
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Dernière mise à jour : il y a 5 jours
Marielle, Lyon - Expert comptable
Je m’appelle Marielle, j’ai quarante-cinq ans, et depuis quinze mois, ma vie a pris un tournant auquel je n’étais absolument pas préparée. Si on m’avait dit un jour que je tomberais amoureuse d’une femme, j’aurais ri. J’ai grandi dans une famille catholique, traditionnelle, où l’on ne parle que du mariage, des enfants, de la fidélité. L’amour devait suivre un chemin tracé d’avance, balisé par les convenances. J’ai épousé un homme bien, sérieux, routinier, et ensemble nous avons eu deux filles qui sont aujourd’hui jeunes adultes.
Puis un matin, j’ai croisé Gwendoline au travail. Elle avait ce mélange de force et de fragilité, cette manière d’illuminer une pièce par sa présence. Elle avait aussi ses blessures, ses responsabilités : mariée elle aussi, maman de deux enfants, dont une fille de seize ans lourdement handicapée. Elle m’a touchée d’une manière inexplicable, comme si son existence venait se coller à la mienne.
De l’amitié à l’amour

Au début, il n’y avait rien d’ambigu. Nous étions deux femmes qui partageaient des discussions, des rires, des confidences et quelques dossiers dans le grand cabinet comptable de 120 salariés ou nous travaillons. Je me sentais comprise, écoutée, comme rarement auparavant. Avec elle, je pouvais tomber le masque, me montrer telle que je suis, sans avoir peur d’être jugée. Puis, au fil des mois, l’amitié est devenue attirance. Une main effleurée par hasard, un regard qui dure une seconde de trop, une complicité qui grandit jusqu’à devenir indispensable. J’ai résisté longtemps, je me suis dit que c’était une folie, que je ne pouvais pas. Mais le cœur, lui, avait déjà choisi.
Je me souviens de notre premier baiser. Le feu, la peur, la certitude. Tout s’est emmêlé. C’était interdit, impensable, mais je n’ai jamais ressenti quelque chose d’aussi puissant. J’ai compris à cet instant que ma vie ne serait plus jamais la même. C'étai un soir après le travail, nous étions parties boire un verre, je l'ai raccompagnée à sa voiture et nos lèvres se sont effleurées.
Le poids du secret
Depuis deux ans, nous vivons notre amour dans l’ombre. Personne ne se doute de rien. Pour le monde, nous sommes deux amies proches, complices, inséparables. Mais derrière les sourires échangés au bureau, derrière les conversations banales, il y a ce secret immense, brûlant, qui nous lie et nous consume.
C’est une double vie épuisante. Je rentre chez moi chaque soir, je retrouve mon mari, cet homme avec qui je n’ai plus de vie intime depuis près de dix ans. Il s’accommode de notre routine, de ce mariage silencieux. Moi, je m’étouffe. Et dans ce vide affectif, l’amour de Gwen est devenu une bouffée d’oxygène.
Mais cette bouffée a un prix : la culpabilité me ronge. Je mens à mes filles, je mens à ma famille, je me mens parfois à moi-même. Mon éducation religieuse me hurle que j’ai tort, que je détruis les fondations de ce que j’ai construit. Chaque fois que je prie, je sens ce conflit déchirer mon âme : dois-je écouter ma foi ou mon cœur ?
L’impossible renoncement
Nous avons essayé d’arrêter, plusieurs fois. Nous avons juré de couper les ponts, de rester « seulement amies ». Mais à chaque fois, nous avons rechuté. Le manque était insupportable. Je croyais étouffer sans elle. Son absence creusait en moi un vide que rien d’autre ne pouvait combler.
Et chaque retrouvailles étaient plus intenses encore, comme si l’interdit alimentait le feu. L’amour est devenu un tourbillon infernal, un mélange de joie brûlante et de douleur insoutenable. Je vis chaque jour avec ce paradoxe : aimer avec une intensité qui me fait revivre, mais souffrir de ne pouvoir l’assumer. Souffrir de ne pas construire quelque chose de serein et durable, souffrir de ne pas m'endormir chaque soir dans ses bras ou encore de ne jamais partir en vacances avec.
Les chaînes invisibles
Je me demande parfois pourquoi je n’ai pas la force de tout quitter. La réponse est simple : mes filles. Elles m’adorent, mais je sais qu’elles ne comprendraient pas. Elles me jugeraient, elles m’en voudraient. Elles me verraient comme celle qui a brisé la famille. Et puis il y a mon mari. Je ne l’aime plus, mais il est là, solide dans son rôle, figé dans ses habitudes. Quitter ce foyer, ce serait détruire l’équilibre fragile qui reste.
De son côté, Gwendoline ne peut pas non plus partir. Son mari est un pilier dans l’éducation de leur fille handicapée. Elle me l’a dit clairement : elle ne pourrait pas assumer seule. Alors elle reste, elle aussi, prisonnière de cette vie.
Nous sommes toutes les deux enchaînées par nos familles, nos responsabilités, notre éducation. Et pourtant, ces chaînes n’empêchent pas nos cœurs de battre l’un pour l’autre.
Un amour qui me dépasse
Je n’avais jamais ressenti ça avant. Pas même au début de mon mariage. Ce n’est pas seulement du désir, ce n’est pas seulement une passion. C’est un amour profond, viscéral, qui me donne envie de tout recommencer à quarante-cinq ans. Un amour qui me donne la force de me lever le matin, mais qui me laisse exsangue le soir, rongée par la culpabilité et la peur.
J’ai pensé à quitter mon travail pour m’éloigner, pour couper net. Mais à quoi bon ? Je sais que je pourrais traverser la planète, mon cœur continuerait de battre pour elle. Son rire, sa voix, son regard me poursuivraient partout.
Écrire pour respirer
Aujourd’hui, si je prends la plume, c’est parce que je n’ai plus d’autre refuge. Je n’ai personne à qui confier ce secret, alors je l’écris. Peut-être que poser les mots m’aidera à me libérer un peu, à trouver un souffle dans cette prison invisible.
J’ai pris rendez-vous avec une psychologue. Je sens que j’ai besoin d’aide pour avancer, pour comprendre ce que je veux vraiment, pour peut-être un jour trouver le courage de dire la vérité. J’aimerais tant pouvoir dire à mes filles, à mes proches : « J’aime une femme. »
Mais pour l’instant, j’avance dans le brouillard. Je me débats entre ce que je devrais être et ce que je suis. Je porte en moi un amour interdit, mais si fort, si brûlant, qu’il me consume et me nourrit à la fois.
Une seule certitude me guide encore : malgré la peur, malgré la douleur, malgré l’impossible, je l’aime. Et je crois que je l’aimerai toujours.
Photos non contractuelles.
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