Attirée par les femmes mais mariée à un homme

Élodie
20 sept.
4 min de lecture

Dernière mise à jour : 21 sept.

J’ai 33 ans. Je suis mariée depuis plusieurs années à un homme que j’aime, même si, comme beaucoup de couples, nous sommes tombés dans une certaine routine. Nous n’avons pas d’enfant et notre vie est stable, parfois trop stable, un peu monotone. Pourtant, derrière cette façade bien rangée, je cache un secret que je n’ai jamais osé révéler à mon entourage : je suis de plus en plus attirée par les femmes.

C’est un sentiment qui m’accompagne depuis toujours, mais qui a pris de l’ampleur il y a quelques années, au moment où j’ai découvert la série Orange is the New Black. Pour la première fois, j’ai vu des histoires de femmes qui aiment des femmes, et cela a éveillé quelque chose en moi. À partir de là, mes certitudes se sont fissurées. Je me suis surprise à m’interroger sur ma propre sexualité. Avais-je refoulé quelque chose toutes ces années ? Était-ce un simple fantasme nourri par des fictions ? Ou bien la partie la plus sincère de moi-même qui cherchait à s’exprimer ?

Une vie de couple stable mais monotone

Mon mari est quelqu’un de bien. Nous partageons une complicité et une histoire commune, mais il faut être honnête : notre quotidien s’est installé dans une routine. L’amour est là, mais il n’a plus l’intensité des premières années. Peut-être aussi que je ne suis pas à la bonne place, et que je ne suis pas totalement épanouie.

Alors, parfois, mon esprit s’évade. Quand je croise une femme dans la rue, il m’arrive de la trouver jolie au point de me retourner, plus souvent que je ne le fais pour les hommes.

Ce n’est pas seulement une question de beauté. C’est une attirance différente, plus profonde, presque viscérale. Je me surprends à penser à ce que serait une caresse féminine, à la douceur d’un baiser, à la tendresse d’un corps qui répond au mien. Je n’en ai jamais parlé sérieusement à personne. C’est mon jardin secret, ou peut-être mon fardeau.

Entre fantasme et désir réel

Je lis beaucoup de romances lesbiennes, je regarde des séries qui mettent en avant des personnages LGBT. Ces récits me touchent profondément, bien plus que je ne voudrais l’admettre. Comme si je m’y retrouvais. Comme si je m’y projetais. Mais est-ce que cela signifie vraiment que je suis attirée par les femmes ? Ou est-ce juste une curiosité, une envie que mon imagination nourrit sans jamais passer le cap ?

Mais tout cela reste au stade de l’imaginaire. Je n’ai jamais eu l’occasion de rencontrer une femme bisexuelle ou lesbienne. Peut-être que je n’ai pas osé créer cette opportunité. Peut-être que j’ai peur de découvrir que ce n’est pas qu’un fantasme, mais une vérité trop grande pour être ignorée. Mais au fond, j’aimerais savoir. Savoir ce que je ressentirais au contact d’une femme, dans la tendresse, dans l’intimité, dans le désir.

Le jour où j’en ai parlé à mon mari

Un soir, comme pour me décharger d’un poids, j’ai osé en parler à mon mari. Mais je l’ai fait avec humour, comme une plaisanterie. Je lui ai dit que peut-être, coucher avec une femme pourrait être une expérience incroyable.

Il a ri. Il a pris ça à la légère. Pour lui, cela signifiait peut-être une porte ouverte vers le libertinage, quelque chose qui ne m’attire pas du tout. J’aurais voulu qu’il comprenne que derrière ma légèreté se cachait une vraie interrogation, presque une souffrance. Mais il n’a pas vu, ou il n’a pas voulu voir. Je ne lui en veux pas. Mais je me suis sentie seule.

Un malaise intérieur

Quand je marche dans la rue et que je vois deux femmes se tenir la main, ou deux hommes s’embrasser, je ressens une forme de malaise. Non pas parce que cela me choque — au contraire, je trouve ça beau, courageux, tendre. Mais parce que cela renvoie à mon propre vide.

C’est comme un miroir qui me dit : « Voilà ce que tu n’oses pas être. Voilà ce que tu n’oses pas vivre. » Et ce malaise, il est dirigé uniquement contre moi.

Je me demande : et si j’étais passée à côté de quelque chose d’essentiel dans ma vie ?

Pourquoi je témoigne aujourd’hui

Si j’écris aujourd’hui, c’est pour poser des mots sur ce que je ressens. Parce que garder ce secret me ronge. Parce que je voudrais peut-être rencontrer d’autres personnes qui vivent les mêmes questionnements, qui comprennent ce mélange de désir, de peur et de confusion.

Je ne sais pas de quoi sera fait demain. Peut-être que je resterai avec ce désir à l’état de fantasme. Peut-être qu’un jour, j’oserai franchir le pas et vivre une expérience avec une femme.

Tout ce que je sais, c’est que cette part de moi existe. Elle grandit, elle me parle de plus en plus fort. Et parfois, je me demande si je pourrai l’étouffer encore longtemps.