Je suis en couple avec une femme
- Élodie
- 13 nov.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 nov.
Anne-Marie, 43 ans - Rennes
Je suis en couple avec une femme, pourtant, mon histoire d’amour ne ressemble pas à un chemin tracé d’avance. À 19 ans, j’étais une jeune femme comme tant d’autres : curieuse, un peu naïve, et persuadée de savoir ce qu’était l’amour. J’avais un petit ami, mon premier. Nous sommes restés ensemble deux ans. C’était une relation douce, sans heurts, presque parfaite sur le papier. Mais à l’intérieur de moi, quelque chose sonnait faux. Il y avait une distance entre ce que je vivais et ce que je ressentais. Comme si j’étais à côté de ma propre vie.
À cette époque, je n’avais pas les mots pour décrire ce manque. Je me disais simplement que je n’étais pas prête, ou que l’amour n’était pas forcément ce qu’on voyait dans les films. J’étais jeune, et la vie m’attendait encore.
La rencontre qui a tout bouleversé
J’ai rencontré Stéphanie à 21 ans. C’était un soir d’été, chez des amis communs. Je me souviens encore du bruit des rires, du parfum de la nuit, et de cette voix claire qui a traversé la pièce. Elle avait quelque chose d’unique : une énergie magnétique, une façon d’être pleinement elle-même, sans effort. Nous avons commencé à parler, et la conversation ne s’est jamais vraiment arrêtée depuis.
Les jours suivants, nous avons échangé des messages, pris des cafés, parlé de tout et de rien, jusqu’à tard dans la nuit. C’était simple, naturel, fluide. J’avais l’impression de la connaître depuis toujours. Et puis, un soir, un baiser est venu sceller ce lien invisible entre nous. Ce geste, à la fois inattendu et évident, a tout changé.
Je n’avais jamais imaginé aimer une femme. Mais à ce moment précis, je n’ai pas ressenti de peur, ni de doute. Seulement une évidence. J’étais bien. J’étais à ma place.
Six années d’amour, de passion et de construction

Avec Stéphanie, j’ai vécu six années intenses. Nous avons partagé un quotidien vibrant, fait de découvertes, de voyages, d’éclats de rire et de projets communs. Nous étions fusionnelles, parfois trop. L’amour était partout, mais la vie, elle, nous rappelait à sa complexité.
Être un couple de femmes dans les années 2000 n’était pas toujours facile. Les regards, les jugements, les non-dits pesaient parfois lourd. Et puis, au-delà de ça, il y avait nos différences, nos ambitions, nos blessures. Peu à peu, une distance s’est installée, insidieuse. Nous avons essayé de lutter, de raviver la flamme, mais un jour, Stéphanie a décidé de partir.
Sa décision a été un coup de tonnerre. J’ai eu l’impression que tout s’écroulait. Pourtant, au fond, je crois que nous savions toutes les deux qu’il fallait passer par là. Nous n’étions plus alignées.
Le temps de la reconstruction
La séparation a été douloureuse. J’ai dû réapprendre à vivre seule, à exister sans “nous”. Et puis, un jour, j’ai rencontré une autre femme. Douce, stable, différente. Elle m’a offert un port d’attache dont j’avais besoin. J’ai cru que je pouvais aimer autrement, apaiser cette part de moi qui brûlait encore.
Pendant ce temps, Stéphanie vivait elle aussi une autre histoire — avec un homme, cette fois. Leur relation a duré un an et demi. Mais la vie, décidément, n’aime pas les lignes droites.
Un soir, près de deux ans après notre rupture, j’ai reçu un message. Simple, presque anodin :
“Je pense à toi.”
Quatre mots qui ont suffi à faire trembler mon univers.
Le retour de l’évidence
Nous avons recommencé à parler. D’abord avec prudence, puis avec intensité. Le lien n’avait jamais disparu. Quand nous nous sommes revues, tout était là : la complicité, les gestes, la chaleur dans les yeux. Comme si le temps n’avait eu aucune emprise sur nous.
Stéphanie m’a confié qu’elle avait compris, après sa relation, que je restais son évidence. De mon côté, je savais, depuis le premier message, que mon cœur n’avait jamais vraiment cessé de battre pour elle.
Ce retour n’a pas été facile. Il a fallu du courage, de la sincérité, et surtout du temps. Mais très vite, tout est devenu clair : nous étions prêtes à écrire un nouveau chapitre.
Notre maison, notre renaissance
Quelques mois plus tard, nous avons décidé d’acheter une maison. Pas un coup de tête, mais une envie profonde : créer quelque chose de tangible, de durable. Nous avons trouvé un vieux pavillon à rénover, dans la banlieue de Rennes. C’était un défi, un projet à notre image : imparfait, exigeant, mais porteur de promesses.
Les week-ends passaient à poncer, peindre, casser, reconstruire. Nous riions, nous disputions, nous transpirions, mais chaque clou planté était un symbole : celui de notre reconstruction. Quand, un soir d’automne, nous avons dormi pour la première fois dans notre chambre fraîchement rénovée, je me suis dit que, cette fois, nous étions vraiment rentrées chez nous.
Le rêve d’un enfant
Une fois la maison terminée, un autre rêve s’est imposé : celui de fonder une famille. Nous avons entamé un parcours de PMA en Belgique, pleines d’espoir. Ce fut un chemin semé d’attente, d’examens, d’émotions fortes. Cinq tentatives, cinq échecs. À chaque fois, nous y croyions, à chaque fois, la déception était immense.
Ce parcours nous a épuisées, physiquement et émotionnellement. Et un jour, presque naturellement, nous avons décidé d’arrêter. Non pas par résignation, mais par lucidité. Nous avons compris que notre bonheur ne dépendait pas de cela. Que notre amour, à lui seul, suffisait à remplir nos vies.
Vivre, simplement
Aujourd’hui, cela fait plus de vingt ans que nous nous connaissons. Nous avons vieilli ensemble, changé, évolué. Nous ne nous voyons pas comme un couple “différent”. Nous sommes simplement deux femmes qui s’aiment, avec nos habitudes, nos fous rires, nos silences, nos rêves encore à venir.
Notre amour est devenu plus calme, plus solide. Il n’a plus besoin de prouver quoi que ce soit. Nous savons ce que nous avons traversé, et c’est cela, notre force.
Avec le recul, je crois que notre séparation a été un cadeau déguisé. Elle nous a permis de grandir, de comprendre ce que nous étions prêtes à construire. Elle nous a préparées à nous retrouver, mais cette fois, pour de bon.
Chaque matin, quand je me réveille à ses côtés, dans cette maison que nous avons rebâtie ensemble, je ressens une gratitude immense. Tout ce que nous avons vécu, les erreurs, les larmes, les détours… tout cela nous a conduites ici.
Et parfois, quand elle me sourit en buvant son café, je me dis simplement :
“C’est elle. Ça a toujours été elle.”
Photos non contractuelles.
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