Attirance inattendue pour une femme, suis-je bi ?

Témoignage d'une révélation à 32 ans

Je m’appelle Camille, j’ai 32 ans, et j’ai toujours été en couple avec des hommes. Depuis mon adolescence, je ne me suis jamais posé de questions sur mon orientation sexuelle. J’aimais les hommes, j’avais eu plusieurs relations sérieuses avec eux, parfois compliquées, parfois très belles. Pour moi, c’était clair : j’étais hétéro. Et pourtant, l'année dernière, à la Feria de Nîmes, une simple rencontre a tout bouleversé.

Je ne m’y attendais pas. Je ne cherchais rien. Et c’est peut-être pour ça que ça m’a frappée de plein fouet.

La Feria de Nîmes : soleil, foule et fête

Je suis partie à Nîmes avec un petit groupe d’amis proches : mon pote Julien, et deux de mes amies de toujours, Clara et Marine. On avait loué un Airbnb dans le centre, pas loin des arènes. On voulait profiter à fond de la feria, de l’ambiance du Sud, des fanfares, du vin, des rires, des rencontres.

La ville était en ébullition. Partout des foulards rouges et des chemises blanches, des gens dansant au son des peñas, des places envahies par la musique, l’odeur du churros et du vin rosé glacé. C’était vivant, coloré, presque irréel. Le genre d’ambiance où l’on se sent libre, allégé de tout jugement.

On sortait tous les soirs, on dansait jusqu’à 3h du matin, on croisait des inconnus avec qui on chantait, buvait, rigolait. Une vraie parenthèse dans nos vies un peu trop rangées.

Une rencontre inattendue : Angélique

C’est au troisième soir que tout a basculé. On avait atterri dans un petit bar du vieux centre, un de ces endroits où la musique est trop forte et les verres de sangria bien trop généreux. On y a rencontré un groupe de fêtards venus de Montpellier. Parmi eux, une fille, Angélique.

Elle portait une robe légère, rouge comme son foulard, ses cheveux châtains en bataille, et un regard perçant. Elle riait fort, dansait sans se soucier de rien, et dégageait une énergie magnétique. J’ai été tout de suite captivée. Mais sans comprendre pourquoi. Je pensais juste : "Elle est cool. Différente. Belle aussi, mais bon… c’est tout."

On a fini par discuter autour d’un tonneau, nos verres posés dessus, à moitié vides. Elle était drôle, vive, piquante. Et surtout, elle me regardait d’une façon que je n’avais jamais connue venant d’une femme. Un regard intense, complice, presque troublant.

Un trouble nouveau, et pourtant familier

Le lendemain, je me suis réveillée avec un mal de crâne carabiné… et cette femme en tête. Ce n’était pas normal. Je pensais à ses yeux, à son rire, à nos échanges. J’avais ressenti quelque chose, mais je refusais de mettre un mot dessus. Ce n’était pas rationnel. Moi, Camille, hétéro convaincue, je n’avais jamais envisagé autre chose. Et là, il suffisait d’une soirée, d’une fille croisée par hasard ? J'ai toujours été très ouverte d'esprit, entourée d'amis homos, très tolérante, mais à aucun moment dans ma vie, jusqu'a ce soir là en tout cas, je n'ai douté de ma sexualité. Je ne faisais que d'y penser.

Mais ce trouble ne passait pas. Au contraire. Je guettais sa présence le soir suivant puisqu'elle nous avait informés revenir le lendemain et nous avait même tous donné rendez-vous pour remettre l'apéro. Et elle était là. Encore. Cette fois, elle m’a pris la main pour m’emmener danser avec elle sur une musique flamenca enivrante. J’ai senti mon cœur battre plus vite. Ce n’était plus un simple jeu.

Le baiser qui a tout révélé

Le dernier soir, alors que la feria battait son plein et que les rues étaient pleines de monde, elle m’a emmenée à l’écart, dans une ruelle calme, juste à côté de la Maison Carrée.

Je me souviens encore des lumières tamisées, du bruit lointain de la foule, et de son regard posé sur moi. Elle m’a dit :

Je crois que t’es paumée, mais moi j’ai envie de t’embrasser.

Et je l’ai laissée faire. C’était doux, lent, étrange… et bouleversant. C’était un baiser qui change tout. Parce qu’il venait d’elle. Parce qu’il réveillait une part de moi que je n’avais jamais explorée.

Suis-je bisexuelle ? Une question vertigineuse

Je suis rentrée à Vichy chamboulée. Je me posais mille questions. Est-ce que ça fait de moi une femme bisexuelle ? Est-ce que j’ai été aveugle pendant 32 ans ? Est-ce que c’était juste Angélique, ou est-ce qu’il y avait autre chose à découvrir ?

J’ai passé des nuits à lire des témoignages comme celui-ci, à écouter des récits de femmes qui, comme moi, n’avaient connu que des hommes jusqu’à une rencontre décisive.

J’ai compris une chose essentielle : la bisexualité n’est pas une case rigide. Ce n’est pas une division 50/50. Ce n’est pas quelque chose de toujours visible, toujours conscient. C’est un spectre. Un éventail d’attirances, d’émotions, de connexions.

Peut-être que je suis bi. Peut-être que je l’ai toujours été sans le savoir. Ou peut-être que je suis juste tombée amoureuse d’une personne, et que le genre, dans ce cas, n’a plus tant d’importance.

Une nouvelle page de ma vie

Angélique et moi sommes restées en contact. Longtemps par messages, puis de plus en plus souvent par appels, par vidéos. On s’est revues une fois lors d'un week-end. C'est à ce moment là que je me suis laissée emporter par le moment, et que j'ai fait l'amour avec une femme pour la première fois. C'est incroyable, inoubliable ! Mais malheureusement la distance a eu raison de nous et nous avons ensuite poursuivi notre chemin, chacune de notre côté, dans nos régions respectives.

Je ne vis pas ça comme une rupture avec mon passé, mais comme un prolongement. Une ouverture. Je n’ai pas "changé" d’orientation. J’ai appris à me connaître différemment.

Mes amis ont réagi de façons variées : certains ont été géniaux, d'autres un peu déstabilisés. Mais moi, je me sens enfin honnête avec moi-même. Et libre. J'ai une certitude aujourd'hui, je peux tomber amoureuse d'une âme, d'une personne, qu'importe que ce soit un homme ou une femme.

Et si toi aussi tu te poses des questions...

Je t’écris, toi qui lis ce témoignage en silence, peut-être avec le cœur un peu serré, peut-être avec le même trouble que j’ai ressenti. Je veux te dire : c’est OK.

Tu n’es pas bizarre. Tu n’es pas "en crise". Tu explores. Et ça, c’est un cadeau.

L’attirance ne se range pas toujours dans des cases. Elle se vit, elle s’éprouve.

Ce que tu ressens est légitime. Écoute-toi. Tu as le droit d’aimer qui tu veux, peu importe ton passé, peu importe ce que les autres en diront, c'est TA vie.

Photos non contractuelles.

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