J'ai fait mon coming out le jour de mon anniversaire

Axelle, 29 ans - Enseignante

Je souhaite témoigner aujourd'hui, car j'ai vécu dans le mensonge deux ans par peur du regard des autres. Je me suis beaucoup abimée durant tout ce temps et j'ai aussi blessée ma femme, que j'ai présenté comme ma meilleure amie pendant plus de deux ans... Claire est ma deuxième relation homosexuelle et pour pouvoir construire un avenir ensemble, j'ai compris avec le temps que je devais franchir des étapes essentielles.

Pendant deux longues années, j'ai vécu une double vie

J'ai rencontré Claire sur mon lieux de travail. J'ai tout de suite su que je voulais faire ma vie avec elle. Mais la peur du jugement, l'angoisse de blesser ceux que j'aime m'ont poussé à cacher cette part essentielle de moi. 

Pendant plus de deux ans, j'ai vécu ma relation avec ma chérie de façon intense, mais devant les collègues, les amis et surtout ma famille, je me suis inventée une vie de célibataire...

La peur de la réaction de ma famille m'a poussé à mentir sur ma sexualité. Présenter ma femme comme ma meilleure amie était une solution qui semblait simple à première vue, mais elle s'est rapidement révélée être une source de conflit au sein de notre couple.

Aux yeux de mes parents, de mon frère... Claire n'était que l'amie inséparable sur laquelle on peut toujours compter, avec qui on partage tout, avec qui on part en vacances et qui fait presque partie de la famille. Mes parents, l'adoraient, lui envoyaient des messages pour son anniversaire ou encore la conviaient à dîner chez eux lorsque je passais les voir avec.

Le poids de ce secret était écrasant

J'avais l'impression de porter un masque, de ne pas être moi-même. C'était épuisant d'entretenir cette façade, de me cacher derrière des sourires forcés. Je savais que je devais faire face à mes peurs et dire la vérité, même si cela signifiait risquer de me disputer avec ma famille. Chaque mensonge, chaque évitement, était un poids de plus sur mes épaules. Les disputes étaient fréquentes à la maison, alimentées par la culpabilité et la frustration. Claire n'acceptait plus d'être dans l'ombre, j'entendais sa souffrance, mais j'étais incapable de me surpasser et de lever mes blocages.

Je me sentais prisonnière de ma propre création, incapable de vivre pleinement ma relation. Nous ne vivions pas sous le même toit et avions chacune un appartement, c'était donc plus simple pour moi de cacher ma relation mais ma chérie. Mais elle, rêvait d'avoir notre propre chez nous et de faire un enfant. C'était source de dispute, jusqu'au jour ou elle m'a posé un ultimatum. Tu assumes ou on se sépare ?

Par amour, j'ai pris mon courage à deux mains

J'ai longtemps hésité, pesé le pour et le contre. Et puis, le jour de mon anniversaire est arrivé et je me suis retrouvée au pied du mur. La semaine suivante, nous avions prévues avec Claire de visiter un appartement pour toutes les deux, c'était donc le moment ou jamais.

J'ai réuni toute ma famille, et quand le gâteau a été apporté, j'ai pris la parole. Mon cœur battait à mille à l'heure. J'ai regardé chacun d'entre eux dans les yeux et j'ai dit tremblante : "Il y a quelque chose d'important que je dois vous dire. Je suis amoureuse de Claire et je vais vivre avec".

L'atmosphère s'est immédiatement tendue

Mon père, que j'admire tant, a été le premier à réagir. La déception se lisait sur son visage. Il m'a lancé des mots très durs devant tout le monde, des phrases que je n'oublierai jamais. J'ai eu l'impression de le perdre à ce moment-là. Je me suis effondrée et je suis partie prendre l'air dans le jardin. Mon cousin Mickaël est venu me prendre dans ses bras. Je voyais au loin ma mère, discuter avec mon père, probablement pour le calmer et le raisonner. Ma tante est sortie dehors, puis ma grand-mère.

A ma grande surprise, c'est ma mamie de 78 ans, qui m'a réconfortée. Elle m'a pris la main et m'a dit qu'elle m'aimait quoi qu'il arrive et que ça lui passerait à mon père. Ses mots ont été un baume sur mon cœur blessé.

Ces moments ont été intenses, douloureux, mais aussi libérateurs. 

J'ai enfin pu être moi-même devant les personnes que j'aime le plus. Et même si la route a été longue et semée d'embûches, je sais que je ne suis pas seule. Claire a été d'un soutien sans faille. Ma mère a été chamboulée mais elle s'est vite faite une raison et a fini par comprendre que ce n'est pas en me tournant le dos ou en me faisant la tête que ça allait changer quelque chose. Je n'aime pas un homme comme elle aurait rêvé, mais j'aime CLAIRE, c'est comme ça et pas autrement.

La réaction de mon père n'a pas été facile à encaisser, mais la sincérité et l'amour ont fini par prévaloir. Il a été distant pendant cinq mois, puis avec le temps c'est passé. Il a enfin compris que me lancer des piques et ou porter un jugement haut et fort, ne me ferait pas quitter celle que j'aime.

Deux ans après, on se retrouve tous autour de la table !

L'eau a coulé sous les ponts. Le coming out est un moment difficile, mais c'est aussi un moment de libération. J'ai finalement trouvé le courage de dévoiler ma véritable identité à mes proches. Aujourd'hui ils acceptent Claire et la considèrent comme leur belle-fille et tout est rentré dans l'ordre. En 2025, nous pensons sérieusement à agrandir la famille, ce qui réjouira j'en suis sûre nos parents respectifs !

Si vous vivez une situation similaire, je vous encourage à ne pas hésiter à demander de l'aide. Parlez-en à un ami, à un membre de votre famille, ou à un professionnel peut vous libérer et vous aider à faire votre coming out. Le chemin est long mais il en vaut la peine !

Photos non contractuelles.

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