Lucie 29 ans - Annecy
Cela faisait quatre ans que je vivais avec mon copain de l'époque Anthony. Il était le gendre idéal et mes parents l'adoraient, l'idéalisaient même. Il était beau, grand, intelligent et était dans sa septième année de médecine en chirurgie vasculaire sur Lyon. Par procuration, ma vie était (presque) parfaite et toute tracée. Anthony avait déjà tout prévu, un mariage dans un domaine viticole dans le Var après sa sortie d'école, des enfants (au moins trois)... Mais je n'étais malheureusement plus amoureuse d'Anthony et je me voilais la face. Il bossait beaucoup, moi de même et notre vie sexuelle avec était totalement éteinte. Je comblais avec mon Womanizer et prenais l'habitude de prendre du plaisir seule. C'était très difficile de sortir de cette routine.
J'avais envie et besoin de renouveau dans ma vie
Sur une opportunité, j'ai quitté mon job de secrétaire médicale pour un job de commerciale. Je me rendais tous les jours à Lyon et une fois par semaine au siège de la société à Genève, à 45 minutes de la maison. Je me concentrais sur mon travail, mais j'avais besoin de construire des choses. J'étais témoin numéro un de mes amies qui les unes après les autres se mariaient et devenaient maman.
Un mardi matin de juin, je débarque au siège de la boîte et le PDG me présente sa nouvelle assistante de direction, Alexia 35 ans. La nana est charismatique et plutôt jolie fille, nous buvons un café ensemble et échangeons sur nos parcours. Elle me dit arriver de Paris et ne pas connaître la région. Je ne sais pas ce qui m'a pris à ce moment-là, mais je lui ai proposé de dîner ensemble le soir même, sur la terrasse d'un petit restaurant avec vue sur le Léman. C'était très sympa. Après ça, nous nous sommes liées d'amitié et chaque semaine lors de mon passage à Genève, nous prenions l'habitude de toujours déjeuner ensemble.
À la maison, rien ne changeait et Anthony ne voyait pas vraiment le problème. J'ai donc décidé de le quitter ce qu'il n'a pas très bien accepté. Toute la famille m'a reproché ma décision mais j'étais sure de moi. Je ne quittais Anthony pour personne, simplement car je n'étais plus épanouie dans mon couple.
Bien que cela puisse paraître étrange, car j'ai beaucoup d'amis, c'est Alexia qui a été là pour moi et qui m'a soutenu dans ma rupture. Un midi, nous avions fait livrer des repas au bureau et étions seules dans les locaux. Nous parlions de tout et de rien. Alexia est une personne très discrète sur sa vie privée, un poil mystérieuse. Je savais qu'elle était célibataire depuis deux ans, mais rien de plus. J'ose lui demander "T'aimerais trouver un mec dans le coin ?". Ce à quoi elle répond avec un sourire "Bah Lucie, je suis lesbienne !". Elle m'a sorti ça, comme si ça paraissait normal et écrit sur son front. Elle éclate de rire et me dit "t'as vraiment pas le gaydar toi". Le gay-quoi ? Ah je viens de comprendre, le radar pour repérer les lesbiennes ? Non, j'avoue que jusqu'ici, je n'avais jamais vraiment fréquenté de gays ou de lesbiennes donc je ne suis pas calée sur les codes. Je pense que j'ai dû rougir de honte tant j'étais embarrassée.
Cela m'a perturbée car la nuit d'après, j'ai rêvé qu'elle m'embrassait
Je suis même allée sur Google pour en savoir plus sur les relations homosexuelles. Je commençais à ressentir une certaine attirance pour Alexia sans pouvoir le verbaliser ni même le lui avouer. J'ai acheté des sextoys sur Internet et j'ai pris du plaisir seule en pensant à elle. Un moyen de combler mes carences sexuelles. C'était presque flippant de me dire que j'arrivais à jouir en imaginant le corps d'Alexia contre le mien.
Difficile de gérer mes émotions. Dans la rue, mon regard se tournait de plus en plus, et de manières inconscientes vers les femmes. C'était très contradictoire, car je voulais refouler mes sentiments et en même temps j'étais intriguée.
Moi lesbienne ? impossible, c'était pour moi inconcevable.
J'ai vécu pendant plus d'un an avec ce tiraillement et ce secret. Alexia a quitté l'entreprise après une rupture conventionnelle et est repartie à Paris. Je pensais que son départ aller soulager l'admiration et l'attirance que je lui vouais, mais pas du tout. Je me suis battue intérieurement contre moi-même sans cesse, à essaye de savoir qui j'étais vraiment, dans quelle case je devais être... J'étais complètement perdue et j'avais besoin que quelqu'un m'aide à y voir plu clair, alors j'ai pris une décision.
J'ai pris les choses en main et je suis allée voir une psychologue
La psy a fait un travail extraordinaire en me redonnant confiance en moi et en me rendant ma légitimité. Grâce à elle, j'ai réussi à lâcher-prise. Moi qui cherchais absolument des réponses, mais aussi à comprendre quelle était mon orientation sexuelle, elle m'a de suite rassurée.
Elle m'a surtout dit que je n'étais pas obligée d'entrer dans une case, que c'était la société qui le voulait et nous imposait une norme. Cette thérapie m'a aidée à grandir, à m'assumer, à comprendre qu'on n'était pas tenu de se coller une étiquette sur le front.
On n'est pas obligé d'entrer dans une case, c'est la société qui le veut.
Je n'ai jamais recouché avec un homme depuis Anthony. Quelques mois après cette petite thérapie, j'ai eu ma première relation avec une nana avec qui je suis sortie 8 mois et j'avoue aujourd'hui être plutôt attirée que par les femmes. Avec le temps, j'ai réussi à assumer qui je suis. Je suis peut-être pansexuelle, bisexuelle ou peut-être même lesbienne, je n'en sais rien et à vrai dire je m'en fiche. Je ne me sens rien de tout ça parce que je tombe amoureuse de quelqu'un, peu importe son genre et je ne veux surtout pas que l'on me mette dans une case.
Photos non contractuelles.
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