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Je suis la lesbienne, garçon manqué et musulmane de la famille

Kenza, 24 ans – Coach de crossfit


Je suis née et j'ai grandi dans la banlieue Lyonnaise, dans une famille musulmane algérienne. Dès mon plus jeune âge, j'ai été immergée dans la religion et la culture musulmanes. J'ai toujours respecté les traditions et les valeurs de ma communauté, et je me suis toujours considérée comme une musulmane dévouée.


Cependant, en grandissant, j'ai également réalisé que j'étais attirée par les femmes. Au début, j'ai essayé de réprimer ces sentiments lorsque j'étais au collège, car j'avais peur de la réaction de ma famille et de ma communauté. J'étais un garçon manqué, à l'âge de 13 ans, j'étais rebelle, toujours en survêtement, je faisais de la boxe et jouais au foot avec les garçons du quartier. Je voulais être footballeuse professionnelle. Je n'étais rien de ce que mes parents avaient imaginé. J'étais la seule fille d'une fratrie de cinq enfants.


Vers 16 ans, je suis tombée amoureuse d'une copine de classe et nous sommes sorties secrètement ensemble quatre mois. Je me sentais perdue et isolée. Je ne savais pas comment concilier mon identité musulmane avec mon orientation sexuelle. J'avais l'impression de devoir choisir entre les deux, et je ne pouvais pas imaginer vivre une vie sans l'une ou l'autre. J'ai lu des passages du Coran et demandé conseil à des imams, mais je n'ai trouvé que des condamnations de l'homosexualité. Ce fut très dur pour moi d'accepter cela car je voulais avoir cette possibilité de concilier les deux.


Finalement, j'ai décidé de ne plus me cacher. J'ai fait mon coming-out auprès de ma famille et de mes amis, et j'ai été confrontée à des réactions mitigées. Certains m'ont soutenue et acceptée, tandis que d'autres m'ont rejetée et condamnée, surtout l'un de mes grands frères très pratiquant qui m'a tourné le dos. Les trois autres ont fini par accepter, y compris mes parents. En revanche aucun d'eux, ne veut savoir ce que je fais et avec qui. Ils m'ont prévenu que si je sortais avec une fille, je ne devrais alors pas m'afficher devant eux, ni dans la cité.


Malgré les difficultés, je suis fière de qui je suis. Je suis une femme musulmane et lesbienne, et je ne laisserai personne me dire qui je suis ou comment je dois vivre ma vie.


Les défis d'être lesbienne et musulmane en France


Être lesbienne et musulmane en France est un défi quotidien. Je suis confrontée à la discrimination et à l'homophobie à la fois de la part de la communauté musulmane et de la société française en général. Au sein de la communauté musulmane, il y a beaucoup de stigmatisation et de tabous autour de l'homosexualité. On me dit souvent que je suis une pécheresse et que je vais en enfer. Je suis également victime de harcèlement et de violence de la part d'autres musulmans parfois quand je vais voir mes parents à Vénissieux.

Dans la société française en général, je suis confrontée à l'homophobie ordinaire. Je suis insultée et menacée, et je suis souvent victime de discrimination dans l'emploi, le logement et les services publics parce que je suis une arabe musclée, gouine, au cheveux très courts.


Malgré les défis, il y a de l'espoir


Malgré les difficultés, il y a de l'espoir pour les lesbiennes musulmanes en France. De plus en plus de voix s'élèvent pour exiger l'égalité et le respect de tous, quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur religion.


Il existe également des organisations et des groupes de soutien qui aident les lesbiennes musulmanes à se sentir acceptées et soutenues. Je suis membre d'un groupe de soutien local, et cela a fait une grande différence dans ma vie. J'ai rencontré d'autres femmes qui vivent les mêmes expériences que moi, et nous nous sommes mutuellement soutenues et encouragées.


Je crois qu'un jour, la France sera un pays où les lesbiennes musulmanes pourront vivre en paix et en sécurité, sans crainte de discrimination ou de violence. Mais pour y arriver, il faut encore beaucoup de travail.


J'appelle tous ceux qui croient en l'égalité et à la justice à soutenir les lesbiennes musulmanes. Ensemble, nous pouvons faire de la France un pays plus inclusif et plus tolérant pour tous.

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