Ma famille recomposée homoparentale

Élodie
16 mai
4 min de lecture

Solène - Responsable expérience client

Je viens de souffler mes 40 bougies, ici en Bretagne, là où j’ai toujours vécu, entre les embruns, les marchés du dimanche et les sentiers côtiers. Et je peux le dire sans hésiter : je n’ai jamais été aussi heureuse de toute ma vie. C’est une sérénité nouvelle, profonde, qui m’habite. Une sorte de point d’équilibre atteint après bien des étapes, des joies, des douleurs, des recommencements. Aujourd’hui, je suis une femme comblée, amoureuse, maman et belle-maman. Et surtout pleinement moi.

Aimer les femmes, une évidence jamais remise en question

Depuis toujours, j’ai su que j’aimais les femmes. Ça n’a jamais été un sujet de conflit ni avec moi-même, ni avec mon entourage. J’ai eu la chance de grandir dans un environnement où l’on m’a appris que l’amour, c’est avant tout une affaire de respect et de sincérité. Pas de genre. Cela m’a permis de vivre mes relations amoureuses librement et sans culpabilité.

J’ai été mariée pendant huit ans à une femme que j’ai profondément aimée. Ensemble, nous avons eu une fille, grâce à une PMA. Une petite tornade douce qui fait de moi une maman comblée. Notre couple s’est essoufflé avec le temps. En 2021, nous avons décidé de divorcer. Une séparation douce, respectueuse, dans laquelle notre fille est toujours restée au centre. Ce fut une période charnière, où j’ai réappris à me retrouver seule, à vivre autrement.

Une rencontre au détour d’un séminaire

Quelques temps après le divorce, j’ai participé à un grand séminaire d’entreprise à Bordeaux. Un de ces événements géants où 400 collaborateurs se retrouvent pour des ateliers, des conférences, et un peu de festivités. Je n’y allais pas avec beaucoup d’enthousiasme, je l’avoue. Mais parfois, la vie vous surprend précisément là où vous ne l’attendiez plus.

C’est là que je l’ai rencontrée. Claire. Trente-six ans. D’une grande douceur. Un regard discret, presque fuyant, comme si elle voulait rester invisible. Je ne la connaissais pas : elle travaillait sur un autre secteur, nos chemins ne s’étaient jamais croisés.

Lors d’un atelier, nous nous sommes retrouvées assises côte à côte. Quelques échanges polis, puis une conversation plus profonde. Le soir venu, lors du dîner, je l’ai revue, un peu en retrait. Je suis allée vers elle, instinctivement. Très vite, elle m’a confié que son fiancé venait de la tromper. La plaie était fraîche. Elle était bouleversée, mais en elle brillait une sensibilité incroyable.

J’ai voulu lui offrir une bulle d’air. L’intégrer au groupe, la faire rire un peu, lui changer les idées. Cette soirée a été marquante pour toutes les deux. Elle m’a touchée. Profondément.

Une amitié tissée jour après jour

Dès le lendemain, je l’ai ajoutée sur Facebook. Un petit geste banal, mais qui allait tout changer. Nos échanges ont commencé simplement. Quelques messages, des anecdotes, un soutien discret. On ne se croisait pas au travail, nos services étaient éloignés, mais nos discussions virtuelles sont devenues quotidiennes.

De fil en aiguille, une vraie complicité s’est installée. Une amitié sincère, presque nécessaire. Elle m’a parlé de sa vie, de ses deux filles, de la séparation douloureuse qui s’annonçait. Moi, je lui parlais de ma fille, de mes doutes, de mes espoirs. Nous étions deux femmes qui apprenaient à se relever, chacune à sa manière.

Un jour, elle m’a avoué ressentir une attirance. Elle n’avait jamais été en couple avec une femme auparavant. Mais avec moi, c’était différent. Une évidence. Nous avons pris notre temps. Et puis, comme un fruit mûr qui tombe de l’arbre, notre histoire est née.

Une famille recomposée, joyeuse et solide

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Huit mois plus tard, Claire emménageait chez moi. Nos trois filles se sont rencontrées. Il y a eu des ajustements, bien sûr, comme dans toute famille recomposée. Mais très vite, les liens se sont tissés. Claire a trouvé sa place naturellement auprès de ma fille, et moi auprès des siennes.

Aujourd’hui, nous sommes cinq. Une tribu un peu bruyante, un peu bordélique, mais pleine de rires, d’amour et de complicité. Nous cuisinons ensemble, nous improvisons des soirées jeux de société, nous partons marcher en bord de mer les week-ends. Chacune a sa chambre, ses repères, et surtout : sa place.

Claire a assumé pleinement notre relation. Cela n’a posé problème à personne, ni dans son entourage, ni dans le mien. J’ai été accueillie avec une chaleur incroyable par sa famille, et elle aussi chez moi. Comme si c’était écrit.

Vivre pleinement, aimer librement

Aujourd’hui, à 40 ans, je suis fière de ce que nous avons construit. Ce n’est pas une vie parfaite — ça n’existe pas — mais c’est la nôtre. Elle est sincère, pleine d’amour, et profondément vivante.

Aimer une femme, élever trois filles ensemble, reconstruire après un divorce… tout cela n’a rien d’un conte de fées. Mais c’est notre histoire. Et chaque matin, en les voyant toutes les quatre autour du petit-déjeuner, je me dis que la vie peut être incroyablement belle quand on s’autorise à la vivre selon ses propres règles.